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TROIS DÉCENNIES DE PRÊTRISE POUR MARC LAHAIE

Audrey.tremblay@lenouvelliste.qc.ca

AUDREY TREMBLAY Marc Lahaie ne veut pas être pris en photo dans l’église. C’est cliché. Il préfère qu’on le voie dans sa communauté. Depuis toujours, il refuse d’être «le pôle d’attraction», il veut être le rassembleur. Le prêtre, qui partage son temps entre La Tuque et Trois-Rivières, a souligné son 30e anniversaire d’ordination dans les derniers jours. Retour sur trois décennies de prêtrise.

«L’objectif avec le temps, c’est de rester soi-même. C’est vraiment important pour moi», note d’emblée Marc Lahaie.

«Ce n’est pas une carrière, on ne choisit pas ce métier. On répond à un appel!», ajoute-t-il.

Cet appel, il a commencé à se faire sentir dès son jeune âge alors qu’il avait 10 ans à peine. Son souvenir est encore clair, le jeune homme avait alors fait la lecture de l’histoire d’un prêtre qui racontait sa vocation, mais qui ne se souvenait pas de l’âge exact au moment où cela s’était précisé. Marc Lahaie s’était alors promis de s’en souvenir.

«J’avais 10 ans. Ça peut faire peur, mais pour moi c’était vraiment clair», avoue le prêtre de 57 ans qui a par ailleurs attendu un certain temps avant d’annoncer ses intentions, de peur qu’on se moque de lui.

Encore aujourd’hui, il ne fait pas exprès de s’identifier comme prêtre pour éviter les insultes ou les blagues de mauvais goût qui ne l’intéressent pas.

«Parfois, ça peut être pénible», témoigne-t-il.

Marc Lahaie a terminé ses études, dont un baccalauréat et une maîtrise en théologie. C’est à l’église Sainte-Madeleine du secteur Cap-de-la-Madeleine que tout a commencé pour lui. C’était le 18 avril 1993 à 16h, précise-t-il.

À seulement 57 ans, le jeune prêtre se démarque par son francparler, sa sensibilité et son ouverture d’esprit. Selon lui, ce n’est pas étranger à son passage de plusieurs années dans les écoles secondaires alors qu’il veillait à l’animation spirituelle, à l’engagement communautaire ou à l’enseignement religieux.

Marc Lahaie se souvient avoir demandé aux quelque 800 élèves les qualités qu’il devrait avoir dans ses fonctions: présent, dynamique, drôle et à l’écoute. Sans le savoir, leurs réponses allaient devenir son programme «plutôt que d’avoir des objectifs généraux».

Pendant toutes ces années, Marc Lahaie s’est régulièrement attablé avec les jeunes le midi. Il estime que cela l’a «fort probablement transformé».

«Tu es avec des ados qui sont à un âge où ils remettent en question le monde qui existait avant eux. Ça t’oblige, comme adulte, à évoluer et à être plus à l’écoute», note-t-il.

Puis la vie l’a amené au Brésil pendant près de quatre ans, en tant que missionnaire. Un moment marquant pour toutes sortes de raisons, en commençant par le rapport des Brésiliens avec la foi et la religion qui est bien différent. Manaus, ville de deux millions d’habitants, avait de quoi impressionner. Il se souvient aussi avoir vu plus de violence en un mois que dans le reste de sa vie.

«C’était mon choix de vivre une expérience qui m’amènerait ailleurs et qui allait me permettre de voir les choses autrement», note-t-il.

L’amateur de moto, qui roule pas moins de 20 000 kilomètres par été, est de retour en Mauricie depuis 2012. L’abbé ne se met pas la tête dans le sable quant à l’avenir de la religion et son objectif n’est pas de ramener tout le monde dans les églises.

«Même si le catholicisme pique du nez depuis 50 ans et que ça continue depuis 10 ans, ce n’est pas si dramatique que ça. Ce qui est dramatique, c’est qu’on perde toutes les valeurs profondes d’une société. […] Fondamentalement, la rencontre de Dieu, ce n’est pas de pratiquer une religion. La rencontre de Dieu, c’est de mettre de la lumière sur nos existences.»

«Le principal, ce n’est pas de sauver la religion. C’est qu’il se vive quelque chose de beau pour les générations futures et qu’on sauve l’humanité dans ce qu’elle est capable de faire», affirme Marc Lahaie.

Ce dernier sent également qu’on est rendu à une autre étape où le voeu de chasteté pourrait devenir un choix. Il estime que la société québécoise est prête à ça depuis longtemps.

«Ce qui serait l’idéal, ce serait que ceux qui veulent entrer dans ce témoignage d’une vie de célibat en étant prêtre, que ce soit leur choix et non pas de dire tu n’as pas le choix et que ça vient avec le fait d’être prêtre. C’est très différent», lance-t-il.

«Il pourrait y avoir des femmes aussi qui puissent devenir prêtres.

Quand on a les qualités et qu’on est interpellé pour le faire...»

En 2023, parler de religion est rendu quelque peu tabou, alors qu’il y a 30 ans, ce n’était pas tabou, mais ce n’était pas très populaire non plus, note l’abbé. L’arrivée d’Internet et de Facebook a également changé la perception de la religion, selon l’homme, pour le meilleur et pour le pire. La pandémie aussi a bousculé les habitudes liées à la religion encore là, en bien et en mal.

«Ce que je souhaite le plus pour les prochaines années... c’est de la pertinence et d’être fécond, c’està-dire de sentir qu’on fait une différence», affirme-t-il.

Pour souligner son 30e anniversaire d’ordination, Marc Lahaie est retourné aux sources sur les bancs du petit sanctuaire où il allait prier dans sa jeunesse. Dimanche, près de 150 personnes sont attendues au soussol de l’église Saint-Zéphirin pour souligner cet événement.

«Ce n’est pas une carrière, on ne choisit pas ce métier. On répond à un appel!»

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2023-04-22T07:00:00.0000000Z

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